PARIS, 3 juin (APM) - Le délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF), Gérard Vincent, dénonce "l'hypocrisie" du comité d'alerte sur l'évolution des dépenses d'assurance maladie et chiffre le dépassement réel à plus de 700 millions euros dans les établissements de santé.
Dans son premier avis rendu public mercredi, le comité d'alerte chiffre le dépassement des dépenses par rapport aux prévisions de septembre à 190 millions d'euros pour les hôpitaux et à 140 millions pour les cliniques privées, soit 330 millions au total. Dans le public, le dépassement serait en partie lié à la revalorisation des salaires des fonctionnaires décidée au printemps 2005, dont le comité évalue le surcoût à 110 millions d'euros (cf dépêche APM du 1er juin).
Interrogé vendredi par l'APM, Gérard Vincent a indiqué que l'estimation du comité d'alerte ne tient probablement compte que des décaissements de l'assurance maladie en 2005 et peut-être d'une partie des reports de charges générés en 2004.
"Nous sommes étonnés de l'hypocrisie du comité", a déclaré Gérard Vincent. "Nous sommes très loin du compte, car le dépassement réel des dépenses par rapport à l'objectif fixé pour 2005 pourrait se chiffrer entre 700 millions d'euros et un milliard d'euros en 2005", a-t-il estimé.
Cette estimation correspond en fait à la différence entre le taux de 5% de progression de l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) hospitalier demandé par la FHF pour une simple reconduction des moyens dans les hôpitaux et le taux de progression effectivement accordé, fixé à 3,6%.
"Pour équilibrer les comptes, il aurait forcément fallu réduire l'emploi dans les hôpitaux" mais cela ne correspond pas à la politique du gouvernement, a souligné le délégué général, rappelant ce qu'il a déclaré vendredi matin au 73ème congrès de l'Union hospitalière du Sud Ouest (UHSO, cf dépêche APM LDIF3003).
"On est donc en train de s'installer dans une culture de déficit, il faut sortir de cette hypocrisie", s'est-il exclamé.
Interrogé vendredi par l'APM, le directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), Jean Castex, a déclaré qu'il est encore "trop tôt" pour dire si l'Ondam sera dépassé en 2005 mais qu'il constate effectivement que la communauté hospitalière considère unanimement que le niveau de l'Ondam a été fixé de façon insuffisante cette année.
Toutefois, "il est indispensable que l'hôpital contribue, dans toute la mesure du possible et bien entendu sans altérer la qualité des soins ni le niveau des prestations dues à nos concitoyens, au redressement des comptes de l'assurance maladie", a-t-il ajouté.