La présidence de la FHF débute son tour de France : excellence médicale et expériences collaboratives en Champagne-Ardenne

Date de publication : 26 Février 2016
Date de modification : 26 Février 2016

Centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims, 16 février 2016, 9 heures. Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, David Gruson, tout nouveau délégué général de la FHF, et Cédric Arcos, directeur de cabinet depuis nommé directeur général adjoint, sont accueillis par Dominique de Wilde, directrice générale du CHU, pour la première étape régionale de la FHF en vue de sa plateforme politique 2017.Les valeurs du service public hospitalier conduisent ses acteurs à développer des techniques de pointe et des expérimentations inédites, mais aussi à prendre des initiatives collaboratives exemplaires. Le déplacement régional du président de la FHF en Champagne-Ardenne le 16 février 2016 en a fourni des exemples probants.

Une nouvelle technique en cancérologie, facteur d’attractivité territoriale

Première étape d’une journée extrêmement dense au contact des professionnels de Champagne-Ardenne, la présentation d’une nouvelle technique en cancérologie : la chimiothérapie hyperthermique intra-péritonéale (CHIP), expérimentée dans une poignée d’établissements publics en France. Elle consiste à chauffer à 43°C les produits avant leur administration en fin d’intervention chirurgicale dans des cas de carcinoses péritonéales (envahissement du péritoine par des tumeurs malignes secondaires). Utilisée à Reims depuis 2012 dans 91 cas, la CHIP a permis d’augmenter la survie à cinq ans de 35 à 57 %, sans morbidité supérieure aux chimiothérapies lourdes. Les patients concernés par la CHIP sont parfois venus d’établissements privés ou de l’Institut de cancérologie Jean Godinot voisin pour bénéficier de cette intervention et être pris ensuite en charge dans les meilleures conditions au sein de l’unité de soins continus que l’établissement est en train de développer. Ce succès démontre l’extraordinaire capacité du secteur public « quand vous avez un bon projet, une bonne équipe et que l’administration laisse faire les hommes », a conclu le Pr Kianmanesh, chef de service de Chirurgie générale, digestive et endocrinienne.

Simulation : une offre de formation continue au profit de tous

Autre temps fort de cette visite du CHU de Reims, la présentation des salles de simulation du pôle Parents-enfants et de l’Institut régional de formation (IRF), avec des démonstrations « live » de trainings. Premier scénario en néonatalogie : un bébé vient de naître par césarienne, une infirmière est testée sur ses réflexes en présence de symptômes alarmants, entourée des pédiatres. Dans des locaux voisins de l’ICR, un trio d’infirmiers anesthésistes simule la préparation d’un patient. Dans les deux cas, des mannequins « intelligents » reproduisent les constantes des patients, l’appareillage est monitoré à distance, avant un débriefing entre formateurs et étudiants : ressenti, gestion du stress, des appareils... L’IRF utilise les nouvelles technologies (vidéo, tagage par Smartphone...). 1 014 étudiants de 11 écoles des environs sont passés en 2015 par les 150 m2 de ces salles de simulation équipées grâce à la taxe professionnelle. Encore une exclusivité du secteur public en matière de formation continue du système de soins.

Un service d’hôpital de semaine à l’équilibre, c’est possible ! 

Après un déjeuner d’échanges qui a permis d’aborder un certain nombre de questions en vue de la plateforme 2017-2022 de la FHF, la suite de la journée devait conduire la délégation de la FHF au CH de Charleville-Mézières. Au programme, une visite de ses locaux fraîchement modernisés, et notamment de son hôpital de semaine. Non seulement celui-ci a permis une diminution des durées moyennes de séjour, mais il est équilibré financièrement. Secret de cette réussite ? « La régulation, répond le Dr Dion, chef de service Néphrologie. Nous sommes sur « du programmé » avec une mutualisation entre les six services du pôle. » « Une seule personne a la main pour organiser l’hospitalisation des patients sur cinq jours maximum. Ces derniers sont suivis par les médecins ayant prescrit l’intervention, décrit Laurence Paste, cadre supérieur de santé. Et des réunions de gestion sont régulièrement tenues avec les pôles de l’hôpital. » 

Coopération sanitaire : les initiatives exemplaires du Nord-Ardenne 

Jean-Pierre Mazur, directeur du CH, a présenté des initiatives de collaboration territoriale exemplaires. Un groupement de coopération sanitaire (GCS) a été créé avec les CH de Charleville et Sedan, mais aussi deux cliniques ainsi que les établissements du groupe Orpea-Clinéa et la Mutualité locale (HAD). Ce GCS est né de la reprise d’une activité cédée par la Générale de santé, avec rapatriement de l’activité chirurgicale dans les CH grâce à des aides fléchées de l’ARS, tandis que les soins de suite étaient transférés chez Orpea-Clinea. Les locaux du CH de Charleville intègrent aujourd’hui des services des cliniques avec un engagement de non-dépassement d’honoraires.

Le GCs doit intégrer le groupement hospitalier de territoire (GHT) préfiguré aujourd’hui par une direction commune entre trois CH (Charleville, Fumay et Sedan) qui seront rejoints par un quatrième hôpital local. De manière assez inédite, le GHT intègrera également un établissement psychiatrique. Des preuves de la capacité d’initiative et d’adaptation du service public lorsque l’agence régionale de santé (ARS) s’abstient de tout dirigisme.

La FHF à l’écoute du terrain 

Cette journée a également permis à la délégation de la FHF d’échanger avec des responsables de pôles, présidents de CME ou encore un représentant des usagers. Avec quelques préoccupations récurrentes : la reconfiguration des ARS, le corset réglementaire de l’exercice multi-site, la crainte de transferts de pans d’activité au privé via les GHT,  le déséquilibre accéléré de la démographie médicale en faveur de la région parisienne et du privé... « Que les responsables institutionnels ne viennent pas nous dire qu’il ne s’agit que d’un problème d’organisation, ce n’est pas vrai », a d’ailleurs lancé un chef de pôle.

C’est bien là le principe de ce tour de France débuté en Champagne-Ardenne : écoute, recueil des expérimentations et analyse des inquiétudes, dans un contexte mouvant de refonte territoriale... « Dans un système de santé qui pousse à l’uniformisation, nous voyons à la lumière de vos réussites qu’il faudrait assouplir certaines règles », a analysé Frédéric Valletoux. La ligne de conduite est réaffirmée : laisser la liberté d’initiative aux acteurs locaux avec une grande priorité, le projet médical.

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