L'Observatoire de la sécurité des médecins, créé par le Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM), a rendu publics pour la dixième année consécutive ses résultats annuels. Alors que le nombre d'incidents, de manière globale, semble se tasser entre 2011 et 2012 (798 en 2012 contre 822 en 2011), ils sont en forte augmentation à l'hôpital public, de 59% (46 incidents signalés en 2011 contre 73 en 2012). En revanche, ils sont en repli de 63% dans les établissements privés (130 incidents en 2011 contre 47 en 2012). Cette forte baisse compense en grande partie l'augmentation constatée dans les hôpitaux publics. Si bien que, au global, le nombre d'incidents signalés dans les établissements, tous types confondus, diminue de 31% (184 incidents en 2011 contre 126 en 2012).
Le CNOM n'avance aucune explication pour expliquer ces variations d'un type d'établissements à l'autre. Pas plus qu'il n'explique la forte augmentation des incidents signalés entre 2009 et 2010, passant soudainement de 512 incidents en 2009 à 920 en 2010. Depuis, le nombre d'incidents signalés a décru lentement pour atteindre 798 incidents en 2012. "Mais si le taux a tendance à baisser, il reste quand même supérieur de 20% à la moyenne de ces dix dernières années", explique le Dr Bernard Le Douarin du CNOM. Concernant la nature des actes, l'Ordre note que les atteintes aux personnes sont en baisse de 4% par rapport à 2011, tout comme les agressions verbales, en recul également de 4%. A contrario de l'augmentation constatée en 2010 des actes graves (lire notre sujet du 31/03/2010).
Principales victimes, les médecins généralistes
Cette année encore, ce sont les généralistes qui sont les plus touchés par l'insécurité, représentant 56% des médecins agressés. Parmi les spécialistes, les ophtalmologistes sont les plus touchés (6%), suivis des psychiatres (5,3%), des dermatologues (3,6%) et des médecins du travail (3,2%). Le CNOM note que les agressions signalées contre les spécialistes sont en augmentation depuis 2008 : 35% en 2008, 40% en 2011 et 44% l'an dernier. 75% d'entre elles ont pour origine l'acte médical en lui-même : le motif de la mauvaise prise en charge arrive en première position.
Les départements les plus impactés par la violence faite aux médecins restent inchangés par rapport à 2011. En valeur absolue, la Seine-Saint-Denis demeure le territoire d'où émane le plus de déclarations (46), suivie par le Nord (45) et Paris (41). En revanche, lorsque l'on ramène le nombre d'incidents en proportion du nombre de médecins, soit le taux de victimisation, le tiercé de tête des départements les plus touchés est bouleversé : en première position apparaît le Vaucluse (1,9%) suivi de la Loire (1,5%), du Cher et de la Seine-Saint-Denis ex-aequo (1,2%).
La présentation des chiffres 2012 fut aussi l'occasion de tirer un premier bilan du protocole national de sécurité signé en avril 2011 entre le CNOM et les ministères de l'Intérieur, de la Justice et de la Santé. "Ce protocole comprend la désignation de référents de sécurité, la mise à disposition d'un numéro d'urgence, des mesures de vidéosurveillance et de géolocalisation. Nous avons aussi prévu d'organiser une rencontre nationale et des rencontres territoriales", précise Bernard Le Douarin. À ce jour, 25 protocoles de sécurité ont été signés, 7 procédures sont en cours d'élaboration et 18 autres accords sont effectifs. Par ailleurs, trois documents devraient être rendus publics d'ici la fin de l'année tendant à prévenir les situations à risque. L'un sera plus spécialement destiné aux médecins généralistes, le deuxième aux spécialites libéraux. Quant au troisième, il devrait détailler les conduites à tenir devant un patient agressif.
Jean-Bernard Gervais
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L'URPS Languedoc-Roussillon lance une série de mesures contre l'insécurité des professionnels de santé
De concert avec le préfet de Languedoc-Roussillon, l'ARS et le groupement de gendarmerie de l'Hérault, l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) va mettre sur pied un groupe de travail qui devra proposer des solutions pour lutter contre l'insécurité des professionnels de santé, a annoncé le Dr Jean-Paul Ortiz, président de l'URPS Médecins libéraux du Languedoc-Roussillon, le 11 avril dans un communiqué. À l'étude, devraient être abordées la mise en place d'un système d'alerte par smartphone, avec géolocalisation et pré-enregistrement des numéros de téléphone, de la vidéosurveillance dans les salles d'attente, de l'accompagnement physique pour les médecins qui interviennent dans les quartiers difficiles en nuit profonde et la création d'une fiche synthétique, rappelant entre autres les numéros d'urgence à contacter en cas d'agression.
J.-B.G.