Décryptage

Mon espace santé : 3 ans après, où en est-on ?

Date de publication : 20 Février 2025
Date de modification : 21 Février 2025
La commission des affaires sociales du Sénat a organisé, ce mercredi 19 février, une table ronde intitulée "Mon espace santé : 3 ans après, où en est-on ?". Cet échange a réuni plusieurs experts du secteur de la santé, parmi lesquels Marguerite Cazeneuve, Directrice déléguée de l’Assurance maladie, Hela Ghariani, co-responsable du numérique en santé (DNS), le Professeur Stéphane Oustric du Conseil national de l'ordre des médecins, Gérard Raymond, président de France Assos Santé et Laurent Pierre, conseiller numérique en santé à la Fédération hospitalière de France.

Cette audition a été l'occasion pour la FHF d'évaluer les avancées et les défis du Dossier médical partagé (DMP), mis en place pour améliorer la coordination des soins et la qualité de vie des soignants, le DMP demeure un outil sous-utilisé malgré son déploiement quasi généralisé.

Le Dossier médical partagé (DMP) : un outil disponible mais encore sous-exploité

Lors de cette table ronde, Laurent Pierre a souligné les perspectives de coopération apportées par le DMP, pouvant améliorer la prise en charge des patients, la coordination des soins et la qualité de vie au travail des professionnels de santé.

Lancé par la loi d’Aout 2004, le DMP est un programme ancien, mais très précurseur dans le partage sécurisé des données de santé. Sa mise en place a nécessité l'élaboration d'un écosystème complet, peu visible, mais composé de multiples briques techniques et organisationnelles, indispensables au respect des droits des personnes et à la confiance des patients.

Aujourd'hui, tous les hôpitaux peuvent alimenter le DMP à partir d’un logiciel de Dossier Patient Informatisé à jour. 98% de la population dispose techniquement d’un dossier, un bond significatif comparé aux 400 000 DMP ouverts en 2014.

Toutefois, son usage en consultation reste faible. Il faut préciser que les logiciels de professionnels n’ont pas encore été optimisé pour faciliter cette consultation. Une vague de mises à jour des logiciels, financées par l’Etat, est en cours de réalisation.

Par ailleurs, cette adoption limitée ne signifie pas un manque d’intérêt de la part des professionnels, mais plutôt une difficulté à intégrer cet outil dans l’organisation quotidienne des établissements de santé. Les expérimentations menées dans des hôpitaux pilotes montrent que, lorsque les professionnels peuvent prendre le temps de réorganiser leurs processus pour y intégrer le DMP, ce-dernier facilite la coordination et améliore la qualité des soins. 80% des usages sont maintenus après l’expérimentation.

Un enjeu organisationnel plus que technique

Aujourd’hui, le défi majeur du DMP ne réside plus dans sa disponibilité technique, mais dans son intégration organisationnelle dans les pratiques. La réussite de son déploiement repose sur la capacité des établissements à adapter leurs pratiques pour tirer pleinement parti de cet outil. La FHF insiste sur l’importance d’un accompagnement des professionnels de santé pour rendre possible de nouvelles organisations à l’échelle du territoire : le déploiement des usages du DMP doit appuyer les logiques de parcours mises en œuvre au sein des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), avec la médecine de ville, les Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR), les Communautés Professionnels Territoriales de Santé, l’Hospitalisation à Domicile…

Le développement des usages du DMP au sein du secteur médico-social est également très attendu. Aujourd’hui, des documents essentiels comme les Projets Personnalisés d’Accompagnement ou les Dossiers de Liaison d’Urgence sont pleinement intégrés dans le DMP et constitue un point de liaison national unique pour les différents acteurs du parcours de soins.

La convergence des SI de GHT, un axe stratégique

La convergence des systèmes d’information de GHT facilite le déploiement des usages du DMP en rationalisant les moyens techniques nécessaires à son alimentation et à sa consultation.

La cybersécurité est un aussi enjeu central auquel répond efficacement la convergence des SI de GHT. Depuis 2019, les hôpitaux, souvent premières cibles des cyberattaques, ont renforcé leur sécurité. Face au risque cyber, les établissements qui convergent sur leur système d’information montrent une meilleure résilience et un temps de reprise de l’activité, après une attaque, plus court.

L’élaboration d’une nouvelle feuille de route pour la convergence des SI des GHT est donc souhaitée pour favoriser la modernisation et la sécurisation numérique des établissements de santé publics.

L’IA : des perspectives d’avenir

L’intelligence artificielle est déjà présente dans de nombreux domaines hospitaliers comme la radiologie, la codification, l’analyse documentaire... Pour assurer une IA éthique et fiable, la FHF rappelle que l’expertise des établissements de santé joue un rôle essentiel à travers l’évaluation qu’ils réalisent des nombreuses solutions.

Concernant l’alimentation du DMP, la FHF appelle à une approche qualitative plutôt que quantitative : il ne s’agit pas d’y intégrer toutes les données disponibles, mais de cibler, en fonction des organisations, celles qui sont pertinentes pour la coordination des soins.

Un tournant décisif en 2026

La prochaine étape, prévue pour 2026, sera d’assurer à l’ensemble des professionnels de santé la possibilité de s’approprier ce nouvel outil. Cela implique un travail de concertation entre soignants pour organiser et mettre en place les cas d’usage. Cela implique également un soutien fort des ambassadeurs qui accompagneront ces professionnels dans cette transition.

Dans cette approche par les cas d’usage, le déploiement de la ePrescription est un exemple parfait de bascule nationale que la FHF appelle de ses vœux, qui démontrera en outre, tout l’intérêt du DMP.

Le déploiement du DMP constitue donc une opportunité majeure pour fluidifier les échanges entre les différents acteurs du système de santé. La FHF réaffirme son engagement à accompagner cette transformation, essentielle pour améliorer la qualité des soins et optimiser le travail des professionnels de santé.  

Retrouvez ci-dessous les interventions de Laurent Pierre lors de la table-ronde : 

 

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