Déconfinement : gare à la précipitation !

Date de publication : 29 Avril 2021
Date de modification : 29 Avril 2021

Alors que les images venues d’Israël, des États-Unis et du Royaume-Uni font miroiter aux Français la perspective d’une sortie de crise imminente, la réalité des indicateurs de suivi de l’épidémie doit nous alerter collectivement sur les risques d’un déconfinement précipité.

La réalité épidémique en France ne permet pas d’envisager un desserement à court terme 

En France, l’épidémie est très loin d’être sous contrôle :

  • Le nombre de décès journaliers dus au Covid continue d’osciller entre 200 et 400 quand le 1er déconfinement s’était effectué dans une phase de décrue notable des décès quotidiens ;
  • Le nombre de nouveaux cas quotidiens reste à un niveau très élevé – de 30 000 à 40 000 par jour – quand l’objectif de déconfinement fixé en décembre dernier était à 5 000 cas par jour ;
  • On compte 6 000 patients Covid en réanimation depuis deux semaines, soit le double de l’objectif fixé par les pouvoirs publics et plus du double du nombre de patients en réanimation au moment du 1er déconfinement, en mai 2020 ;
  • Les déprogrammations et baisses de fréquentation constatées par FHF data en 2020 (2 300 000 séjours en moins par rapport à 2019) n’ont pas pu être rattrapées et vont encore s’accentuer sur le premier semestre 2021 du fait des déprogrammations engendrées par la 3ème vague.

Pour comparaison, le Royaume-Uni compte 20 décès par semaine et 2000 nouveaux cas par jour.

Malgré la progression de la vaccination, ces données restent très préoccupantes. D’autant que l’hôpital public reste en situation de crise permanente et au regard de la perspective de nouveaux variants qui pourraient arriver sur notre territoire. 

La France doit ouvrir, renforcer et consolider sa stratégie vaccinale 

La vaccination est la seule solution apte à faire baisser la pression hospitalière et, en conséquence, à rendre palpable la perspective d’une levée progressive des mesures de restriction. Si nous voulons pouvoir rêver de jours meilleurs, il est urgent de renforcer et consolider la stratégie vaccinale. 

Or nous observons, ces deux dernières semaines, une stagnation voire un ralentissement de la campagne de vaccination. Nous espérons que les prévisions de livraisons, dont l’expérience montre qu’elles ont pu être assez aléatoires, permettront réellement d’augmenter le volume de vaccins disponibles pour les Français. 

Pour accélérer dès aujourd’hui la stratégie vaccinale et être en mesure de tenir le calendrier annoncé, la FHF souhaite alerter le gouvernement sur deux pré-requis indispensables : 

1 – L’ouverture de la vaccination à tous ceux qui le souhaitent, tout en mettant en place un dispositif renforcé pour accompagner les personnes âgées ou à risque non encore vaccinées. 

2 – L’établissement de schémas territoriaux de vaccination précis. Pour prévenir tout risque de ralentissement de la campagne vaccinale cet été, il y a urgence à établir des schémas territoriaux clairs de mai à septembre, tenant compte des congés de ceux qui vaccinent (hospitaliers, libéraux,...). En effet, du fait des congés de nombreux professionnels de santé, qui risquent d’être concomitants, une impréparation sur ce sujet pourrait mettre en difficulté les personnes souhaitant se faire injecter une première dose de vaccin, ou de manière plus critique, les personnes ayant besoin de leur seconde dose. 

C’est pourquoi nous demandons que les ARS prennent dès aujourd’hui des dispositions permettant de : 

- Faire le point sur les capacités et les besoins de vaccinations (nombre de lignes de vaccination par territoire de santé) ainsi que leur évolution prévisionnelle et souhaitable en fonction des  mouvements de population ; 

- Assurer la continuité de ces lignes en planifiant sur chaque territoire les congés des professionnels vaccinateurs de manière à ce que la vaccination continue d’être assurée  équitablement par l’ensemble des acteurs de santé. 

Enfin, la FHF tient à alerter sur la confirmation de la prévalence des variants sur le territoire français, qui impose de renouveler la politique « tester – tracer – isoler ». Nous observons aussi une baisse importante du nombre de tests réalisés en France, mettant en danger l’exercice de prévision et d’anticipation des capacités hospitalières nécessaires au traitement des malades. En outre, la FHF s’interroge sur l’efficacité réelle de la stratégie d’isolement des personnes contaminées ou contact, notamment au regard des entrées sur le territoire de personnes venant de pays où l’épidémie fait rage. 

C’est pourquoi la FHF demande que : 

  • L’importance pour chacun de se faire tester soit rappelée, afin que le suivi de l’épidémie soit le plus précis possible et permette effectivement de prendre les mesures appropriées ; 
  • La stratégie « tester – tracer – isoler » fasse l’objet d’une évaluation avec l’ensemble des parties prenantes et puisse être adaptée au regard de l’assouplissement des restrictions. 

Frédéric Valletoux, président de la FHF : « Le gouvernement prépare le déconfinement et multiplie les interventions sur ce sujet. Déconfiner est une perspective que tous les Français attendent avec impatience, encore faut-il ne pas fuir la réalité, très inquiétante dans les hôpitaux publics, et déconfiner quand la situation sanitaire le permettra réellement. Pour réussir la sortie de crise, le pays doit renforcer et consolider sa stratégie vaccinale. » 

 

Contacts presse : 

Havas – [email protected]

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