Enquête inédite Ipsos x FHF "Santé des femmes" : Quand les biais sexistes compromettent la santé des femmes

Date de publication : 10 Mars 2025
Date de modification : 10 Mars 2025
À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, la FHF alerte sur une réalité préoccupante : les inégalités de genre dans la prise en charge médicale persistent et compromettent la santé des femmes. Une enquête Ipsos inédite, réalisée pour la FHF, confirme l’impact des biais sexistes sur les diagnostics et les soins, entraînant des retards, des minimisations de symptômes et même des interventions non désirées.

Malheureusement, la santé des femmes reste marquée par les stigmates d’une médecine pensée par et pour les hommes. Quelques exemples :

  • L’Académie de médecine mettait en évidence le risque de surmortalité des femmes en matière de maladies cardiovasculaires du fait de retards de prise en charge systématiques (près de trois fois plus que les hommes pour les infarctus).
  • Une femme qui consulte aux urgences pour des douleurs abdominales peut voir ses symptômes liés à une cause psychosomatique ou gynécologique avant d’envisager d’autres causes médicales (appendicite, calculs rénaux, etc.), ce qui rallonge parfois le diagnostic.
  • En psychiatrie, le taux d’hospitalisations pour geste auto-infligé de la patientèle féminine âgée de 10 à 19 ans double entre 2012 et 2020 puis double de nouveau entre 2020 et 2022. (Source Drees)

 

Un sondage inédit réalisé par Ipsos pour la FHF confirme l’impact des biais sexistes sur les prises en charge.

1/ Dans la relation avec les professionnels de santé :

Un sexisme ancré dans les parcours de soins : pour près de la moitié des Françaises, leurs symptômes ou douleurs ont été minorés. Elles sont aussi nombreuses à rapporter que leurs choix n’ont pas été considérés, voire qu’elles ont subi une pression pour des interventions non désirées. Des situations qui sont loin d’être marginales !

  • Plus de la moitié des femmes interrogées (51%) estiment que leurs symptômes décrits à un professionnel de santé ont au moins une fois été minimisés ou non pris au sérieux, parce qu’elles sont des femmes.
  • 1/3 des femmes (34%) ont reçu des commentaires inappropriés sur leur apparence physique ou leur vie personnelle par des professionnels de santé.
  • Pour 42% des femmes, des symptômes physiques ont au moins une fois été attribués à des causes psychologiques et hormonales sans investigation approfondie.
  • 1 femme sur 5 (20%) dit avoir ressenti une pression pour des interventions non désirées.

 

Dans le détail, on notera que les femmes âgées de moins de 35 ans et celles souffrant de problèmes de santé mentale déclarent avoir été plus fréquemment confrontées à ces situations.

Par exemple : la minimisation ou non-prise au sérieux des symptômes décrits monte à 64% pour les moins de 35 ans et même à 69% pour les femmes souffrant de problèmes de santé mentale. Enfin, 35% des moins de 35 ans déclarent avoir subi des pressions pour des interventions non désirées, par exemple concernant la contraception ou la grossesse.

2/ Dans la relation avec l'entourage : 

Même au sein de l’entourage proche, les pratiques et/ou propos sexistes sont une réalité : plus d’1 femme sur 3 a vu ses douleurs non considérées, ou son jugement sur sa santé remis en question.

  • 38%des femmes ont ressenti au moins une fois la banalisation de problèmes de santé, considérés comme « normaux » pour une femme.
  • 37% des femmes remarquent la remise en question de leur jugement concernant leur propre santé.
  • 1/3 des femmes (32%) soulignent un manque de soutien dans leurs démarches de santé de la part de leur entourage.

 

Le clivage générationnel est fort encore ici : plus les femmes sont jeunes, plus elles rapportent avoir été fréquemment confrontées à ce genre de situations au sein de leur entourage.

Ainsi, 58% des moins de 35 ans déclarent avoir subi une banalisation de leurs problèmes de santé sous prétexte qu'ils sont "normaux" pour une femme et 42% expliquent avoir essuyé des commentaires déplacés de leurs proches concernant des changements corporels.

 

Résultat, les femmes s’autocensurent : près de la moitié des femmes (49%) sous- estiment leur niveau de douleur.

L’hôpital public se positionne à l’avant-garde de la lutte pour l’égalité en santé. S’engager pour la santé des femmes, c’est évidemment œuvrer pour l’égalité des droits.

En cette année de cinquantenaire de la promulgation de la loi Veil, la FHF s’est engagée à mener ce combat majeur avec l’ensemble de son écosystème. Le 16 janvier dernier, nous avons publié dans les colonnes du Monde un manifeste collectif avec plusieurs objectifs comme le renforcement du dépistage des pathologies gynécologiques et des symptômes spécifiques aux maladies cardiovasculaires des femmes.

Il nous apparaît nécessaire aujourd’hui de sensibiliser l’ensemble des professionnels de santé aux biais de genre et d'adapter les protocoles médicaux pour assurer une prise en charge équitable et efficace des patientes.

Par ailleurs la FHF s’engage aux côtés de l’association « M’endors pas » pour créer les conditions de travail et de co-construction afin de mieux dépister et de repenser le processus médico-légal autour de la question de la soumission chimique.

Pour Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF : 

 

 

La persistance d’inégalités sexistes dans les prises en charge est non seulement un enjeu de droits mais aussi une question de santé publique. La FHF est déterminée à faire bouger les lignes sur ce sujet pour faire progresser les mentalités. L’hôpital public a le devoir absolu d’être fer de lance de l’égalité en santé et nous serons au rendez-vous. Nous travaillons actuellement à un plan d’action dont nous reparlerons notamment en mai, lors du salon SantExpo. 

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