Santé mentale et psychiatrie : des difficultés d’accès aux soins persistantes et un recours aux soins hospitaliers très préoccupant chez les plus jeunes

Date de publication : 26 Mars 2025
Date de modification : 26 Mars 2025
L’accès aux soins en santé mentale et en psychiatrie reste très dégradé, du fait de carences structurelles mais aussi de préjugés durables

En psychiatrie plus qu’ailleurs, les services sont saturés, les centres médico-psychologiques (CMP) publics connaissent de grandes difficultés pour répondre aux besoins de soins non programmés et aux attentes d'avis demandés par les médecins généralistes, mais aussi pour le suivi des soins nécessaires avec des listes d'attente. Les généralistes sont sursollicités, parfois désemparés et, souvent, la question du coût financier d’une consultation se pose pour les patients.

Ces tensions se reportent ensuite sur l’hospitalisation publique déjà en difficulté. En 2024, la FHF montrait notamment que pour 40 % des établissements publics, un quart des postes étaient vacants en psychiatrie.

Ces problématiques se retrouvent nettement dans l’accès aux soins pour les patients. Selon notre baromètre, une personne sur deux souffrant de troubles psychiatriques rencontre des difficultés :

  • 47 % à cause des délais d’attente pour un RDV avec un psychiatre ;
  • 39 % parlant même d’une impossibilité à obtenir un RDV.

Un tiers ont également rencontré des difficultés relatives à leur traitement :

  • 32 % pour en obtenir le renouvellement en temps voulu ;
  • 23 % à cause d’une rupture de stock sur un médicament.

Ces carences sur le plan organisationnel sont d’autant plus problématiques que la question de la psychiatrie fait toujours l’objet d’une stigmatisation certaine et inquiétante :

  • 82 % des Français les jugent encore taboues ;
  • 73 % regrettent le manque d’information ;
  • 52 % pensent qu’on n’en guérit jamais vraiment ;
  • 38 % disent même avoir peur des personnes qui en souffrent.

En parallèle, la situation des plus jeunes est préoccupante, avec un recours aux soins à l’hôpital nettement supérieur aux attendus en 2024

En effet, l’année 2024 marque un recours aux soins à l’hôpital supérieur aux prévisions chez les 5-19 ans pour les séjours de médecine relatifs aux pathologies 

psychiatriques et aux intoxications (y compris volontaires). Celui-ci est de 32 % supérieur aux attendus pour les séjours de médecine pour pathologie psychiatrique et de 25 % pour le champ toxicologie, intoxication, alcool.

Ce phénomène soulève des inquiétudes, que plusieurs enquêtes récentes sont venues étayer, et une nécessité à agir en faveur de l’état de santé mentale de notre jeunesse :

  • L’automne dernier, Santé publique France présentait un baromètre indiquant qu’un quart des lycéens déclarerait avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois ;
  • En décembre, une seconde étude soulignait qu’un enfant sur douze pourrait être affecté par un problème de santé mentale parmi les 3-6 ans !
  • Enfin, mi-mars, les premiers résultats de l’étude Mentalo, lancée en 2024 par des chercheurs de l’INSERM, établissaient que les risques anxio-dépressifs concerneraient deux tiers de la population des 11-24 ans.

L’impact du Covid et des confinements successifs et période de couvre-feu ont probablement eu un rôle dans la dégradation de l’état de santé mentale des populations jeunes. Cette période a en effet été très marquante pour beaucoup d’enfants et d’adolescents. Une autre hypothèse, étayée par les données de notre sondage Ipsos, pourrait laisser penser que la hausse du recours à l’hôpital résulterait de freins au dépistage et de difficultés d’accès en amont.

Quoiqu’il en soit, l’état des lieux que permettent d’établir ces données impose un sursaut collectif pour construire une politique de prise en charge de la santé mentale et de la psychiatrie à la hauteur des besoins.

La FHF, et son groupe FHF Psychiatrie, ont récemment contribué en formulant une série de propositions afin de répondre à l’urgence et bâtir l’avenir de la psychiatrie : https://www.calameo.com/fhf/read/003795702b291ae33134a

 

Pour Arnaud Robinet, président de la FHF : 

 

La grande cause nationale pour la santé mentale confirme toute sa place. Reste maintenant à la concrétiser par des actions fortes en faveur du secteur psychiatrique : la FHF a fait de nombreuses propositions à ce sujet et a publié un livre blanc détaillé en début d’année 2025. La situation dramatique de la psychiatrie demande un effort soutenu sur dix ans, avec notamment un portage politique continu incarné par une délégation interministérielle. Rien ne pourra non plus être fait sans des moyens adéquats donnés aux établissements publics et une refonte de l’offre de soins sur le terrain, avec un soutien spécifique aux centres médico-psychologiques qui doivent devenir le socle des prises en charge.

Contact presse FHF : [email protected]

 

 

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