La FHF a pris connaissance de la présentation, à l’hôpital Simone Veil d’Eaubonne le 13 février 2018, par le premier ministre, Edouard Philippe, avec la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, de la « Stratégie de transformation du système de santé ».
Campagne tarifaire : alerte et appel à la cohérence
A l’issue du discours du premier ministre, la FHF est extrêmement préoccupée par la question de l’évolution des tarifs dans le cadre de la campagne budgétaire 2018.
L'année 2017 a déjà été marquée par une très forte aggravation du déficit hospitalier, qui devrait au moins doubler par rapport à celui constaté en 2017. Il passerait ainsi de 500 M€ à plus d’ 1 Mds €. Cette aggravation a pour origine en grande partie :
- une prévision d’activité surestimée,
- la baisse des tarifs,
- l’application de mesures nationales non compensées,
- et la non restitution aux établissements d'une partie conséquente des crédits mis en réserve.
Une nouvelle baisse tarifaire, basée sur des prévisions d'augmentation d'activité déconnectées de la réalité, risque d’engendrer une nouvelle aggravation du déficit des établissements publics de santé en 2018 (de la même ampleur qu'en 2017). Ce qui signifierait, en théorie que pour revenir à l’équilibre à la fin de 2018, les hopitaux devraient supprimer 33 000 emplois. Ce qui est bien sûr inenvisageable.
Eviter la double peine
La FHF n’accepte pas, cette année encore, « la double peine » infligée en 2017 : tarifs en baisse, et absence de reversement intégral, en fin d’année, des crédits mis en réserve.
La FHF n’accepte pas non plus les doubles discours, au moment où les pouvoirs publics dessinent une stratégie de transformation rendant responsable chacun des acteurs. Le gouvernement ne peut pas louer l’importance de l’hôpital et en même temps baisser les tarifs. Il ne peut pas expliquer qu’il n’y a aura pas de suppression de postes alors qu’elles seraient la conséquence des mesures qu’il a lui-même prises.
Ces contradictions sont d’autant plus insoutenables dans un contexte où les équipes hospitalières sont sous tension, et où le gouvernement tend à considérer l’hôpital public comme la variable d’ajustement économique du système de santé.
Pour autant, la FHF tient à rappeler le caractère prometteur du discours du premier ministre et ne peut que partager le constat lucide sur la situation des établissements. La FHF attendait de ce fait beaucoup d’un discours qui ne se limitait pas à l’hôpital mais appréhendait le système de santé dans son ensemble, ce qui rejoignait ainsi nombre de propositions qu’elle avait versées au débat ces dernières années.
La FHF se fera un point d’honneur à rappeler que les acteurs hospitaliers attendent des positions claires et des actions tangibles qui ne viendront pas en contradiction avec une prise de conscience de la complexité des réalités du terrain et des difficultés sociales afférentes. Il en va du bon fonctionnement des établissements et de la qualité de vie au travail des équipes et ce au bénéfice des patients.
Frédéric Valletoux,
Président de la FHF