A l’heure où les hôpitaux français doivent, à la demande du gouvernement, mettre en place un plan d’économie extrêmement rigoureux qui, partout, rend nécessaire des décisions difficiles, ces dispositions catégorielles auront des conséquences financières très lourdes. Elles vont, par ailleurs, ouvrir une brèche dans la gestion collective des personnels hospitaliers, dans un contexte tendu en terme de démographie médicale.
Avec le texte paru le 20 juillet 2015, c’est près de 20% du temps de travail des urgentistes qui est neutralisé, représentant un surcoût estimé, au minimum, à 90 Millions d’euros. Un surcoût que personne ne peut nier et qui pose une nouvelle fois la question de la cohérence de la politique gouvernementale qui, d’un côté demande des efforts très rudes aux hôpitaux et, de l’autre, multiplie les annonces qui alourdissent les dépenses et rendent plus difficiles encore la gestion des équipes hospitalières.
Lors de la conclusion de cet accord, la FHF avait déjà fait part de ses doutes profonds. Elle avait en outre indiqué que seule une nouvelle approche territoriale de l’organisation des urgences pourrait permettre l’application des dispositions généreusement accordées par la Ministre. Aujourd’hui, la communauté hospitalière ne peut qu’être circonspecte devant la publication différée du rapport Grall, justement censé proposer une nouvelle organisation des urgences. Une fois de plus, les établissements et leurs dirigeants vont donc se retrouver seuls pour gérer les contradictions des pouvoirs publics.
Dans ce contexte, la FHF rappelle qu'aucune réorganisation du temps de travail ne devra être décidée dans les hôpitaux sous la pression d’une seule catégorie professionnelle, de façon déconnectée du projet médical ou du projet territorial, et au mépris des ressources médicales disponibles. Pour cela, les commissions médicales d’établissement auront un rôle déterminant pour garantir la préservation de la qualité des soins et assurer la primauté du projet médical.
En outre, ces mesures n’apportent malheureusement pas de réponse au problème majeur de l’attractivité médicale, de la juste rémunération des médecins ou de leurs conditions d’exercice, notamment dans les structures d'urgence. Des mesures catégorielles ne peuvent pas en effet constituer une politique, les hospitaliers ayant d’abord besoin d’équité et de mesures qui donnent du sens et valorisent leurs actions.