Accompagner la personne âgée en souffrance psychique : une mission spécifique en psychiatrie

Date de publication : 19 Avril 2012
Date de modification : 19 Avril 2012

Au sein de notre  centre de soins médico-psychologiques pour personnes âgées, nous  proposons une prise en charge médico-psychologique, un soutien, une écoute de la personne âgée et de son entourage grâce à une équipe pluridisciplinaire composée de médecins psychiatres, d’infirmières, d’un cadre de santé, d’un psychologue, d’une assistante sociale, d’un kinésithérapeute, d’un agent de service hospitalier).

L’offre de soins de notre structure repose sur deux axes complémentaires :

  • Une activité de centre médico-psychologique (CMP) où nous intervenons, essentiellement, en institution ou au domicile  et une consultation médicale ;
  • Une activité d’hôpital de jour où nous proposons des activités thérapeutiques.

Il s’agit d’avoir le souci de considérer la personne âgée en tant qu’être humain en l’aidant à redonner sens à sa vie et en respectant ses choix au plus juste.

Pour cela, notre travail d’équipe s’appuie sur des valeurs éthiques humanistes que sont le fait de:

  • Veiller au respect des droits de la personne âgée ;
  • Maintenir cette dernière le plus longtemps possible à son domicile en respectant ses choix ;
  • L’informer au maximum afin qu’elle puisse donner son consentement pour la mise en œuvre du  projet de soins et prendre des décisions de façon éclairée ;
  • Avoir une réflexion éthique, en équipe pluridisciplinaire, pour être au plus près des attentes de la personne soignée et ainsi lui proposer des soins adaptés.

Une structure spécifique : pour quelles situations ?

Bien souvent, ce sont les proches qui nous appellent pour être soutenus dans une situation devenue trop complexe où ils expriment un sentiment d’impuissance. Dans ces situations, la personne âgée ne souffre pas d’une maladie mentale au sens strict du terme mais  a développé des troubles psychiques en lien avec l’avancée en âge. Des difficultés d’adaptation à la perte d’autonomie, le deuil d’un conjoint… peuvent aboutir à des symptômes divers : troubles de l’humeur, angoisse, dépendance alcoolique, troubles du sommeil, de l’alimentation, perte de la sociabilité, etc.

Mais, ce peut-être aussi l’apparition de troubles mnésiques perturbant le quotidien à domicile (courses faites plusieurs fois par jour, gaz de la cuisinière qui reste allumé, rendez-vous oubliés, objets introuvables, etc.) et indiquant l’émergence d’une démence (maladie d’Alzheimer, etc.) qui est à l’origine d’une  demande d’aide de la part de l’entourage.

Enfin, il y a le cas des personnes atteintes de troubles psychiques (psychoses, troubles de la personnalité, etc.) qui vieillissent. Pour ces personnes soignées et suivies depuis longtemps par les équipes de psychiatrie générale, il y a  passage de relais avec notre équipe. Ces patients résident alors dans des structures pour personnes âgées (Ehpad, foyers-logements) dans lesquelles ils s’intègrent progressivement à la vie collective. Les visites régulières que nous faisons dans ces établissements assurent une veille de proximité. Un véritable partenariat s’est construit au fil du temps. Ainsi, si les équipes soignantes se sentent en difficultés face à ces  résidents, elles n’hésitent pas à nous appeler. Nous avons alors  un rôle d’accompagnement, d’écoute et de formation grâce aux échanges, soit à la fin de chaque entretien, soit  sous forme de réunions pluridisciplinaires. Ces temps, formalisés ou non,  sont l’occasion d’un espace de parole, de réflexion sur la clinique afin de comprendre la pathologie pour mieux prendre soin des résidents.

Que proposons- nous ?

Au premier appel, il s’agit de recueillir un maximum d’informations sur la situation de la personne âgée en souffrance  afin de clarifier la demande. C’est un moment d’écoute, de mise en confiance avec l’interlocuteur qui, bien souvent, est désemparé et  dans l’attente de réponses.

Assurés du consentement de la personne âgée, nous proposons alors une visite au domicile ou au sein de l’institution en vue d’une évaluation de la situation la plus complète possible. Ce temps de visite est essentiel. C’est à ce moment là que commencent  à se tisser des liens qui seront le support de la relation de soin. Cette relation, si particulière avec la personne âgée, est l’occasion  de  la rencontre qui, selon la philosophe Catherine Perrotin, est un « événement car il permet à deux êtres humains des partager leur humanité dans leur singularité ». Mais, c’est aussi le temps de  l’observation, l’écoute, l’ajustement au rythme de la personne soignée dans une distance juste et dans une véritable intention soignante.

Puis, lors d’une réunion clinique en équipe, nous définissons le projet de soin personnalisé pour répondre à l’ensemble des difficultés repérées : consultation médicale, suivi en entretiens infirmiers, accompagnement social, accompagnement et coordination des différentes aides à domicile, etc.

Cette concertation régulière, pluridisciplinaire et interdisciplinaire est primordiale. En effet, ce sont par les échanges que nous donnons du sens à nos actions, au « prendre soin ».

Pour compléter le projet de soins, l’hôpital de jour peut être proposé. Il a pour objectif, grâce à des activités thérapeutiques incontournables du soin en psychiatrie de :

  • Evaluer et stimuler l’autonomie physique et psychique de la personne âgée ;
  • Valoriser son estime de soi en lui redonnant confiance ;
  • Offrir un temps de répit pour les familles ;
  • Rompre l’isolement social.

Chaque atelier a un objectif bien déterminé et des indications spécifiques. A chaque séance, les infirmières référentes construisent l’activité en s’appuyant sur un médiateur en fonction de l’objectif poursuivi : la concentration, les interactions au sein du groupe, la mémoire, la communication, l’estime de soi, la créativité, etc. Les repas sont aussi des temps thérapeutiques, partagés entre les soignants et les patients. Des séjours thérapeutiques sur des thématiques différentes (Sologne, vie à la ferme, mer…) ont pu aussi être organisés pour quelque unes des personnes âgées suivies.

Quelle dimension « partenariat » ?

C’est aussi avec l’ensemble des professionnels et associations du réseau gérontologique – centres locaux d’information et de coordination (CLIC), centres communaux  d’action sociale (CCAS), services de soins et d’aides à domicile, professionnels libéraux, etc. – que nous œuvrons pour le maintien à domicile des personnes âgées le plus longtemps possible. Nous collaborons aussi avec l’ensemble des structures pouvant accueillir des personnes âgées : le centre hospitalier régional d’Orléans, les Ehpad,  et  les foyers-logements.

Notre présence  dans  différents groupes de travail au sein du réseau gérontologique nous permet de  partager et faire connaître la spécificité de notre mission et notre pratique en géronto-psychiatrie.

Enfin, nous sommes également en lien avec les structures du CH Georges Daumezon avec lesquelles nous menons une réflexion institutionnelle.

Auteur:  

Laurence Mitaine

Cadre de santé

CH Georges Daumezon

[email protected]

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