Réduction des hospitalisations en psychiatrie grâce à l'équipe mobile psycho-gérontologique du CH de Thuir (Pyrénées-Orientales)

Date de publication : 3 Février 2014
Date de modification : 3 Février 2014

Elles s'exprimaient à l'occasion de la troisième édition de la journée "actualité et enjeux de la psychiatrie et de la santé mentale" organisée par la Fédération hospitalière de France (FHF) et intitulée cette année "le parcours de soins en psychiatrie et santé mentale: quid du secteur rénové?". Lors d'une table ronde consacrée aux retours d'expérience, Natasja Segura, une des infirmières de l'équipe a indiqué que l'équipe mobile créée en 2007 était destinée aux personnes âgées de plus de 65 ans atteintes d'un handicap psychique, associé à d'éventuels troubles comportementaux, tels que les troubles de l'émotivité, l'anxiété, les syndromes dépressifs, les démences de type Alzheimer, les psychoses de l'âge avancé et les pathologies psychiatriques chroniques du sujet âgé. L'équipe est composée de deux équivalents temps plein (ETP) médecins, 4,8 ETP infirmiers, 1 ETP neuropsychologue et 0,2 ETP cadre de santé. "Nous assurons une mission d'accueil, d'expertise, d'orientation, de suivi", a-t-elle expliqué, précisant que l'équipe se déplaçait à domicile, en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), en centres médico-psychologiques (CMP) ou à la maison d'accueil spécialisée (MAS) avec lequel l'hôpital de Thuir a une convention. "Nous avons aussi un rôle de coordination lors des hospitalisations des personnes âgées et des missions de formation initiale et participons au réseau gérontologique du département", a souligné l'infirmière. Il s'agit d'une prise en charge multidisciplinaire, avec des "liens étroits" avec les médecins généralistes, les infirmiers libéraux, les services d'aide-ménagères, les centres communaux d'action sociale (CCAS) et les équipes mobiles de soins palliatifs. "Nous avons conventionné avec 12 Ehpad et, depuis deux ans, avec deux services de soins de suite et de réadaptation (SSR)", a indiqué l'infirmière de l'équipe mobile, citant aussi comme partenaires le CH de Perpignan (USLD, gériatrie, médecine interne), l'association France Alzheimer, les accueils thérapeutiques et les hôpitaux de jour. L'équipe effectue des consultations médicales et/ou infirmières: en CMP, au domicile lorsque les personnes ne peuvent pas se déplacer, en Ehpad ou en unités d'hospitalisation. "Quand il y a une demande de consultation, nous demandons au médecin traitant de remplir un formulaire", a indiqué l'infirmière. Ensuite, la première consultation infirmière permet de traiter rapidement la demande (24 à 72 heures), connaître la personne, créer un climat de confiance et organiser la consultation médicale, grâce à la création d'un dossier patient informatisé, a expliqué Natasja Segura. Selon l'appréciation de l'infirmière, une évaluation des fonctions cognitives peut être réalisée. Ensuite, une coordination clinique a lieu tous les lundis pour la présentation et l'analyse clinique de la demande et l'organisation du suivi. Lors de la consultation médicale, avec l'infirmière référente, le médecin évalue, aide au diagnostic et fait une proposition thérapeutique au médecin traitant. Il pourra demander des examens complémentaires, des examens neuro-psychologiques approfondis, un suivi infirmier et l'éventuelle mise en place d'un "étayage médico-social" (par exemple, une orientation en accueil de jour thérapeutique). Le suivi infirmier par la suite consiste notamment à une évaluation clinique, une évaluation du traitement, des soins physiques, une psychothérapie de soutien, une aide aux aidants et une aide à la mise en place de l'étayage médico-social. Sonia Parent, une autre infirmière de l'équipe, a détaillé la prise en charge à l'hôpital mais aussi en Ehpad qui se fait avec un passage médical et deux passages infirmiers par mois. Elle a signalé que l'équipe mobile organisait aussi des groupes de parole pour les soignants et pour les aidants.Natasja Segura a indiqué que la file active pour l'équipe mobile était passée de 406 en 2009 à 765 en 2012, avec 1.827 actes en 2009 contre 4.037 en 2012. Elle a souligné l'intérêt de cette prise en charge, notamment pour limiter les hospitalisations de personnes âgées en psychiatrie.

LA GERONTOPSYCHIATRIE DOIT-ELLE DEVENIR UNE SPECIALITE ?

Dans la salle, un directeur adjoint d'hôpital s'est demandé si la gérontopsychiatrie pouvait devenir une spécialité au même titre que la pédopsychiatrie. Le président de la conférence nationale des présidents de commission médicale d'établissement des centres hospitaliers spécialisés (CME-CHS), le Dr Christian Muller, a estimé que les questions de prise en charge des personnes âgées devaient aussi occuper l'esprit des équipes de secteur. Il a craint qu'une nouvelle spécialisation crée une couche supplémentaire dans l'organisation et qu'ensuite, cette problématique soit évitée par les équipes généralistes de secteur. Il faut identifier les compétences et mettre en place des dispositifs pour la géronto-psychiatrie, a-t-il renchéri tout en mettant en garde sur le fait que "l'hyperspécialisation pouvait devenir à terme une problématique".

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 Article publié sur www.apmnews.com le 31/01/2014

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