Une consommation à maîtriser
D'un point de vue général, la consommation d'eau a fortement augmenté ces quarante dernières années et les ressources en eau potable se sont raréfiées. Par ailleurs, le prix de la facture annuelle moyenne a augmenté de 25 % en 13 ans. Partant de ce constat, Véronique Humbert, ingénieur environnement et consultante DD pour les établissements de santé au cabinet Coaching durable, a rappelé que les établissements de santé, dans un contexte de difficultés financières, ne sont pas épargnés.
Les expériences de terrain se multiplient pour parvenir à remplir cet objectif, à l'image des moyens qui ont été développés au niveau de la blanchisserie du CHU de Nice (voir article). Après avoir changé le tunnel de lavage, installé un échangeur thermique et orienté le process vers la norme ISO 14 001, la blanchisserie a réalisé en 2008 un gain de 630 tonnes de vapeur, de 5 000 mètres cube d'eau et fait une économie de 112 000 kWh d'électricité par rapport à 2007, soit un gain annuel de 38 000 euros pour un investissement s'élevant à 85 000 euros, indique Florent Bachelin, ingénieur responsable qualité et environnement au CHU de Nice. Seul inconvénient, la norme ISO 14 001, réservée au départ au monde industriel, implique des « lourdeurs » au niveau réglementaire. La démarche reste néanmoins adaptable mais elle nécessite un process long, souligne Florent Bachelin. De son côté, le CHRU de Lille a misé sur l'installation de 28 compteurs sur son réseau d'eau afin d'identifier les fuites et ainsi de réaliser des gains de fonctionnement. Des travaux ont également été réalisés au niveau de la blanchisserie. Un investissement rentable puisqu'en 2009 la consommation d'eau s'est élevée à 783 400 euros par an, soit un gain de 166 600 euros par rapport à 2005.
La gestion en aval : la question des effluents 1
Actuellement, il n'existe aucune réglementation qui oblige les établissements de santé à traiter « en final » leurs effluents, rappelle Véronique Humbert. Cependant, il convient de s'y préparer car les enjeux de la gestion des rejets et des effluents sont multiples : limiter l'exposition des personnes, diminuer l'impact sur les réseaux d'assainissement et limiter les risques de dysfonctionnement de la station d'épuration. Véronique Humbert suggère donc aux établissements de santé de signer une « convention de déversement ». En effet, même si cette convention reste facultative, elle est souhaitable pour les déversements significatifs. De plus, elle précise aux établissements les modalités juridiques, techniques et financières du déversement, garantissant ainsi une meilleure sécurité, et rappelle les droits et devoirs des parties signataires. Cela permettrait dans le même temps de prévenir les futures réglementations relatives à l'eau et à sa gestion.
Le suivi des rejets, primordial également pour les établissements de santé, nécessite d'établir auparavant un diagnostic s'appuyant sur la connaissance du niveau de pollution de l'établissement, du réseau d'assainissement mais aussi de la composition des rejets. Les résultats d'une étude, réalisée au centres hospitalier du Havre, ont démontré qu'il est possible de connaître en amont ce qui est susceptible d'être rejeté en analysant les étiquettes des médicaments et produits les plus consommés ou dangereux au sein de l'établissement. Une intervention au niveau des achats permet donc d'agir sur l'aval et d'améliorer les rejets et les effluents hospitaliers. Les niveaux d'action sont donc nombreux pour les établissements et les expériences menées témoignent de leur réussite à la fois écologique et économique. Néanmoins, une sensibilisation et une formation des personnels ainsi qu'une implication forte de la direction générale demeurent aussi des préalables à la réussite de chaque projet. Quelques chiffres sur l'autodiagnostic eauVéronique Humbert a présenté quelques chiffres relatifs à l'autodiagnostic eau réalisé par les établissements de santé. Sur la base de dix établissements, 80 % ont un plan ou une stratégie DD et 40 % ont déjà un axe de réduction de la consommation d'eau. 80 % de ces établissements suivent leur consommation d'eau. 50% ont réalisé un diagnostic de la gestion de leurs effluents liquides et 40 % traitent leurs effluents, enfin 50 % déclarent utiliser des lessives sans phosphates.
(Hospimedia)
1- Sur les effluents liquides hospitaliers, cliquer sur les liens en bas de page de la brève sur le Plan national sur les résidus de médicaments dans les eaux.