Jacques Roos, président d'IHF : L'ingénieur hospitalier est sensible à la notion de coût global

Date de publication : 7 Juin 2012
Date de modification : 7 Juin 2012

Hospimedia : "Près de 400 participants sont attendus lors des 52es journées d'études et de formation de l'IHF pour évoquer les problématiques du secteur et notamment le développement durable, fil rouge de l'événement. Pourquoi avoir choisi cette thématique ?

Jacques Roos : Le développement durable apparaît au delà des effets de mode comme un élément fondamental et à prendre comme une composante systémique. Il permet un changement de paradigme en influant sur l'ingénierie hospitalière dans toutes ses dimensions : efficacité énergétique, gestion des déchets, qualité de l'air intérieur et extérieur... Et ce même si l'ingénieur est depuis de nombreuses années sensible à la notion de coût global qui revient dans le développement durable. Certes la démarche est contraignante mais elle est aussi passionnante et stimulante pour le professionnel et le citoyen. Et il existe désormais des incitations institutionnelles pour favoriser son développement. Dans le plan Hôpital 2012 par exemple, tout accord de financement nécessite un engagement dans un volet envir onnementa

H. : Le développement durable implique aussi de nouveaux interlocuteurs et de nouvelles contraintes. Comment l'ingénieur hospitalier s'y adapte-t-il ?

J. R. : Les moyens d'information sont nombreux et l'ingénieur hospitalier est habitué à réaliser une veille. Il peut également s'appuyer sur des spécialistes (bureau d'études qualité environnementale par exemple) pour enrichir sa réflexion, comme il le fait déjà avec les ergonomes, paysagistes, coloristes, etc. Je réalise toutefois que la jeune génération d'ingénieur arrive avec des visions sensiblement différentes. Et une chose est sûre pour tous, la qualité de coordination de l'ingénieur est primordiale désormais... Le développement durable devrait en plus permettre aux ingénieurs hospitaliers de se repositionner davantage dans la gouvernance de l'établissement car se sont des éléments moteurs du fait de leurs connaissances techniques.

H. : La crise a-t-elle impacté le travail de l'ingénieur ?

J. R. : Les investissements deviennent difficiles dans le contexte de crise actuel et malgré les contraintes réglementaires et évolutions de la médecine. Nous sommes dans l'inconnu pour la suite du plan Hôpital 2012, des projets sont gelés et les hôpitaux éprouvent des difficultés à emprunter. Nous constatons donc effectivement un ralentissement des investissements hospitaliers, avec regret mais compréhension.

H. : En dehors d'un ralentissement des investissements, d'autres activités de l'ingénieur sont-elles touchées ?

J. R. : La crise se ressent aussi sur la maintenance. Si taillé dans la maintenance n'a pas d'effet immédiat, cela va à contre-courant du développement durable. Car des équipements bien maintenus gaspillent moins d'énergie et ont une durée de vie plus longue. Hors le remplacement de gros équipements coûte cher. Ces coupes sont donc regrettables et démotivantes, surtout quant la politique d'équipement est initialement bien pensée.

H. : La réponse est-elle donc dans l'externalisation ?

J. R. : Il y a toujours une tentation à l'externalisation mais la tendance n'y est plus. Le partenariat public-privé pour la construction d'un hôpital, par exemple, apparaît aujourd'hui peu fiable, peu raisonnable et pas rentable. Notamment pour les grosses structures. Le cas de l'hôpital Sud-Francilien nous le prouve. Les ARS d'ailleurs déconseillent cette formule dans le cadre du plan Hôpital 2012. Toutefois nous ne sommes pas entièrement contre. Si pour un hôpital complet, c'est déraisonnable, le concept peut s'avérer intéressant pour la construction d'une chaufferie par exemple. Globalement, il ne faut pas éliminer toute l'ingénierie au sein de l'hôpital mais au contraire conserver les moyens de vérifier que l'activité se passe bien."

Source Hospimedia - www.hospimedia.fr

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