Cette campagne s’est déroulée selon un protocole expérimental élaboré avec l’appui de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), du laboratoire d’analyse des particules inhalées (Lepi) et de la branche accidents du travail et maladies professionnelles (CnamTS).
Les agents de contrôle et ingénieurs de prévention du système d’inspection du travail, rattachés aux DIRECCTE, ont été mobilisés afin d’accompagner le déploiement de ce protocole permettant l’expertise des couples « matériaux/techniques/niveaux d’empoussièrement », les plus couramment rencontrés, en situation réelle de traitement, de retrait ou d’intervention de maintenance concernant des matériaux susceptibles delibérer des fibres d’amiante.
Quatre-vingt chantiers ont été suivis dans le cadre de ce protocole, permettant la réalisation de 300 prélèvements.
L’INRS a restitué au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé, le 22 septembre 2011, un rapport final d’analyses et de préconisations. Les résultats de la campagne expérimentale mettent en évidence des niveaux d’empoussièrement d’une ampleur inattendue pour certains matériaux. Ces constats sont notamment liés aux techniques utilisées, voire à l’état de dégradation de ces matériaux. Il faut également souligner que l’utilisation de la méthode de mesure en Meta a permis d’identifier et de comptabiliser les fibres fines d’amiante qui n’étaient pas visibles précédemment en microscopie optique à contraste de phase (MOCP).
Après avoir analysé le contenu du rapport, le gouvernement entend, dans un souci de protection des travailleurs, modifier la réglementation au 1er semestre 2012 pour tenir compte de l’évolution de l’avancée des connaissances scientifiques et techniques permises par cette campagne.
Les principales mesures de cette réforme interviendront en plusieurs étapes afin de garantir leur effectivité et viseront :
- l’abaissement de la valeur limite d’exposition professionnelle2 (VLEP) qui est actuellement de 100 fibres par litre à 10 fibres par litre à une échéance de trois ans ;
- le contrôle de l’empoussièrement en milieu professionnel selon la méthode Meta. La France sera ainsi le premier pays au monde à rendre obligatoire, en milieu professionnel, cette technique de mesure qui permet de prendre en compte toutes les catégories de fibres ;
- la suppression, dans le code du travail, de la dualité de notions friable/non friable ;
- la généralisation de la certification des entreprises à l’ensemble des activités de retrait et d’encapsulage de matériaux contenant de l’amiante ;
- les conditions d’utilisation, d’entretien et de vérification des moyens de protection collective (MPC) et équipements de protection individuelle (EPI), en particulier les appareils de protection respiratoire (APR) adaptés aux niveaux d’empoussièrement sur les chantiers.
Dans l’immédiat, et d’ici l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions réglementaires, les ministres recommandent, en particulier aux maîtres d’ouvrage et maîtres d’oeuvre qui ont des opérations en préparation, de se référer à l’instruction mise en ligne sur les sites www.circulaires.gouv.fr et www.travailler-mieux.gouv.fr, pour élever les niveaux de prévention à mettre en oeuvre sur leurs chantiers. Les modalités techniques sont définies dans le guide ED 6091 de l’INRS (www.inrs.fr/INRS-PUB), récemment actualisé, destiné à l’ensemble des travailleurs potentiellement exposés à l’amiante, quel que soit leur statut (public, privé, travailleurs, salariés, travailleurs indépendants).
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1 L’avis de l’Afsset du 17 février 2009 préconise l’utilisation de la méthode de la microscopie électronique à transmission analytique (Meta) en milieu professionnel notamment pour inclure le comptage des FFA aux fibres actuellement mesurées pour le contrôle de la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP), le caractère cancérogène des FFA ayant été confirmé dans l’étude.
2 La valeur limite d’exposition professionnelle d’un agent chimique représente la concentration de cet agent dans l’air respiré, en dessous de laquelle le risque d’altération de la santé est négligeable.