Normandie

Le gouvernement propose un plan d’urgence insuffisant pour faire face aux grandes difficultés des hôpitaux normands

Date de publication : 2 Décembre 2019
Date de modification : 2 Décembre 2019

La FHF Normandie a présenté ce 29 novembre à son bureau et Conseil d’Administration la situation en termes d’attractivité et de finances, des hôpitaux normands. Les établissements publics de santé seront tous en déficit en 2019.

La situation financière n’est pas nouvelle, puisque les déficits s’accumulent depuis des années, mais le déficit 2019 devrait atteindre un record de 113 millions pour un budget global de 2,7 milliards. Les déficits cumulés placent les hôpitaux normands dans des situations de trésorerie très tendues. Le matériel courant peine à être renouvelé et les conditions detravail deviennent très difficiles pour l’ensemble des personnels. L’investissement structurel et donc d’avenir, est au point mort.

Face à cette situation, le gouvernement a présenté son 3ème plan de sauvegarde des hôpitaux en quelques mois (la loi OTSS issue du plan « ma santé 2022 », le pacte de refondation des urgences et le plan d’urgence pour les hôpitaux du 20 novembre). Chaque plan a une visée différente, structurelle pour le premier, spécifique aux urgences pour le deuxième et conjoncturelle pour le dernier. Malheureusement, aucun ne répond aux besoins réels constatés sur le terrain, soit pour des raisons de calendrier de mise en oeuvre soit pour des raisons de dimensionnement et de modalités techniques inappropriées.

En effet les mesures d’attractivités ne correspondent pas aux attentes des personnels et leur coût sera tout juste couvert par l’augmentation des tarifs. La situation d’exploitation des hôpitaux ne s’améliorera donc pas en 2020.

L’investissement répond à une autre logique. L’Etat souhaite, à juste titre, que cet investissement reparte mais dans la perspective d’une amélioration de l’offre de soins, d’une meilleure couverture territoriale et d’une réduction des coûts pour la collectivité. Il veut donc accompagner une logique de recomposition de l’offre de soins, mais sans donner de perspectives, de mesures d’accompagnement et de calendrier.

Par ailleurs la spécificité des territoires, en particulier normands, n’est pas prise en compte. La faiblesse démographique de certains, le phénomène de métropolisation vers Caen et Rouen, la désertification médicale progressive et continue des régions excentrées ou en difficultés économiques et sociales, la petite taille des villes moyennes et territoires, la faiblesse des infrastructures de transport voire numériques, ne permettent pas la prise en charge de la santé des normands, dans des conditions acceptables et équitables.

Un plan de rattrapage s’impose pour maintenir et attirer le personnel dans les hôpitaux normands. La pénurie de médecins, non anticipée, crée une concurrence sur les salaires, en faveur des plus offrants, sociétés d’intérim et secteur privé, au détriment de l’hôpital public. L’ouverture du numérus clausus ne résoudra pas ce problème avant 10 ans.

La solution à court terme passe donc d’abord par une augmentation bien plus substantielle des moyens, afin d’accompagner les solutions structurelles qui prendront du temps. Des marges de manœuvres financières devront être dégagées. Cela pourra passer par une amélioration de la pertinence des actes médicaux, dans le secteur privé mais aussi à l’hôpital, pour le bien des patients et des finances publiques.

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