Partant du constat que la situation sanitaire est particulièrement dégradée en Normandie, au regard de la moyenne nationale (mortalité évitable, maladies chroniques, taux de suicide,…), que ce champ est particulièrement touché par les inégalités (sociales, économiques, territoriales…), le Conseil Economique Social et Environnemental Régional (CESER) Normandie préconise un plan de rattrapage spécifique initié par l’Etat mais également soutenu par la Région et les autres collectivités territoriales.
Ce plan englobe plusieurs dimensions :
- La prévention, en particulier au regard de certains fléaux comme l’addiction à l’alcool, génératrice de plus du quart des hospitalisations en Normandie, mais également dans l’ensemble de ses composantes telles que le renforcement de la médecine scolaire ou de la médecine du travail.
- L’attractivité vis-à-vis des professions médicales et paramédicales. Que ce soit en ville avec les déserts médicaux (et dentaires) ou à l’hôpital où certaines spécialités disparaissent (radiologues, pédopsychiatres,…), le système de santé normand ne peut fonctionner qu’avec les compétences nécessaires formées puis réparties sur le territoire en fonction des besoins de la population.
- Le financement, en particulier des investissements, des établissements publics de santé et médicosociaux. Pressurés depuis 10 ans par un rationnement budgétaire et un mode de répartition des moyens souvent inadéquat, les hôpitaux (quasiment tous en déficit chronique) et établissements médico-sociaux n’ont plus été en mesure d’investir. Certains établissements risquent de se retrouver donc dans un état d’obsolescence extrêmement préjudiciable pour la santé et la prise en charge des normands.
La FHF Normandie souhaite relayer ce rapport et ce cri d’alerte, face auquel les mesures gouvernementales telles que le Ségur de la Santé ne suffiront pas à répondre à la situation. Il est en effet inquiétant que les moyens alloués pour la relance de l’investissement soient ainsi globalement quatre fois inférieurs aux besoins exprimés par les établissements. Les mesures de relance de la démographie médicale se heurtent également à des contraintes capacitaires des universités ou de disponibilités de professeurs qui ne permettent pas d’envisager de solutions avant plusieurs dizaines d’années. La disponibilité des professions paramédicales : infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, … dont les besoins ont été encore renforcés par la crise sanitaire, est tout aussi préoccupante, malgré des efforts de formation nationaux et régionaux.
La prévention, la lutte contre les addictions ou les états dépressifs par exemple, est également insuffisante malgré l’annonce de grands programmes nationaux. Face à ce défi, la FHF Normandie interpelle l’Etat au travers de l’ARS et des Universités, le Conseil Régional et les Conseils Départementaux en cette période pré-électorale ainsi que tous les élus du territoire pour que le plan de rattrapage nécessaire, mis en évidence par le rapport du CESER Normandie, soit élaboré et mis en oeuvre concrètement et à très court terme.