La député européenne Nessa Childers a souligné, parmi les buts de l’intergroupe, le soutien au développement de politiques européennes robustes qui contribuent à prévenir les problèmes de santé mentale et assurent des services et des soins de qualité à ceux qui souffrent de ces problèmes. Elle a déclaré que, dans le champ de la santé mentale, la dépression est une des questions les plus importantes, en raison de sa prévalence et de son impact de grande ampleur sur l’individu, son entourage mais également la société et l’économie. Les coupes effectuées dans les services médicaux dans de nombreux pays ont un lourd impact sur l’accès aux services de soins. La qualité des soins en souffre également. Selon elle, les décideurs politiques doivent rester convaincus qu’il est impératif de prendre en compte la dépression dans leurs décisions ayant un impact sur les services de santé. Le premier intervenant, Dolores Gauci, présidente de Gamian Europe, a brièvement présenté l’organisation qu’elle dirige comme étant une association paneuropéenne au service des patients, représentant les intérêts des patients et défendant leurs droits. Elle a poursuivi en évoquant un sondage réalisé par Gamian Europe sur le thème de la stigmatisation. Gamian Europe a mené une première enquête en 2006 puis une seconde en 2010. Les questionnaires, réalisés en 20 langues, étaient identiques. Il a été soumis à des associations de patients dans 23 pays européens et a reçu 1 447 réponses. L’objectif était de mesurer le niveau de stigmatisation que les personnes souffrant d’une maladie mentale ressentaient vis-à-vis d’elles-mêmes, dans tout l’Europe (stigmatisation internalisée), de mesurer jusqu’à quel point ces personnes pensaient que le grand public avait une mauvaise opinion d’elles (discrimination perçue), de mesurer les niveaux d’estime de soi et le sentiment de contrôle que les personnes souffrant de maladies mentales reconnaissaient (contrôle sur soi).
Le second intervenant, le Professeur Norman Sartorius, a évoqué les questions de santé publique soulevées par la dépression. Il a aussi rapidement présenté la plateforme d’expertise sur la maladie mentale, qu’il copréside avec Dolores Gauci. Cette plateforme vise à soutenir la mise en œuvre du Pacte européen sur la santé mentale et le bien-être et à développer des recommandations sur l’action en matière de santé mentale dans les zones qui ne sont pas couvertes par les cinq conférences thématiques convenues dans le cadre du Pacte sur la santé mentale.
Le troisième intervenant, le Professeur Martin Knapp de la London School of Economics, a présenté son récent rapport intitulé “Mental health promotion and mental illness prévention: The economic case”. Ce rapport examine 15 « interventions » dans le domaine de la santé mentale, chacune d’entre elle se fondant sur des preuves. Le retour sur investissement a été calculé pour chaque intervention en prenant en compte différents horizons de temps et différentes mesures. L’étude a fait apparaître des défis liés à un manque de coopération entre les différentes acteurs. Le Professeur Knapp a illustré les nombreuses conséquences de la dépression, et notamment la mortalité prématurée. Il a souligné l’énorme impact économique de la santé mentale chiffré à environ 8 milliards d’euros.
Dans sa réponse aux précédents intervenants, Jürgen Scheftlein (Direction générale Santé de la Commission européenne) a rapidement rappelé aux participants les actions menées dans le cadre du Pacte européen de la santé mentale adopté en 2008. Cinq conférences thématiques se sont tenues évoquant, en lien avec la santé mentale, les thèmes des personnes âgées, des enfants et des adolescents, de la dépression et du suicide, de la stigmatisation et de l’exclusion sociale et de la santé mentale dans le monde du travail. La Commission est en train de décider des nouvelles étapes ; une réflexion interne est actuellement menée. Elle considère que le Pacte, qui cherchait à éveiller les consciences sur le sujet de la santé mentale et du bien-être, a fonctionné.