Le budget de la coopération en santé était de 970 millions € en 2009 (soit 12 % de l’aide publique au développement, contre 4 % en 2002). L’aide bilatérale a nettement diminué et représente aujourd’hui 25 % de cette enveloppe. Les subventions octroyées par l’AFD sont en « voie de disparition ». Avec la Réforme générale des politiques publiques, le budget du MAEE est réduit de 30 %. Il est donc nécessaire de faire des choix thématiques (ressources humaines, couverture du risque maladie, surveillance épidémiologique), de domaines d’actions (Sida, paludisme et tuberculose ; santé sexuelle et reproductive ; vaccination) et géographique (14 pays en Afrique francophone).L’expertise française est riche, diversifiée et très demandée. Mais elle doit être mobilisée grâce à un outil spécifique. La place d’ESTHER est prioritaire. Le GIP doit diversifier ses sources de financement et son projet doit évoluer en conséquence.
La coopération en santé constitue un moyen pour mener une stratégie d’influence, tant au niveau international que local. Il est encore nécessaire de sensibiliser les diplomates. Il faut aussi préserver notre réseau de recherche à l’international, la coopération universitaire et les partenariats hospitaliers. Brigitte Arthur a ensuite pris la parole en tant que représentante du ministère de la Santé. Elle a axé son intervention sur le thème de la sécurité du patient et a exprimé le souhait qu’ESTHER développe une approche plus transversale par ce biais. L’enjeu est d’importance, puisqu’aujourd’hui 1.4 millions de patients contractent une infection nosocomiales dans le monde et 5 à 30 % des patients dans les pays en développement. Une telle situation s’explique par une mauvaise gestion des déchets et l’absence de politique de sécurité du patient en Afrique.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) se mobilise. Elle a élaboré en 2008 un « Partenariat africain pour la sécurité des patients », dans l’objectif de diffuser les bonnes pratiques pour mettre en œuvre une politique nationale, autour de 12 actions clefs dont la promotion des partenariats hospitaliers. Le Royaume-Uni et la Suisse sont les premiers pays à s’être impliqués. Son extension à la France constitue une véritable opportunité pour ESTHER, qui est déjà présente sur cette thématique et ce secteur géographique.
Au cours de la seconde partie de la session plénière, le directeur du GIP Gilles Brücker en a présenté la stratégie. Il a tout d’abord rappelé qu’en 2009, 48 hôpitaux français intervenaient sur 183 sites, ce qui a permis de former 5100 personnes en 3300 jours de formation. 12.4 % du budget des projets est consacré aux partenaires du Nord. 161 hospitaliers (dont 58 % de médecins cliniciens) ont réalisé 214 missions, soit 1361 jour/homme. La contribution moyenne des hôpitaux du Nord est de 8600 € par an. Les salaires sont valorisés pour un total de 400 000 €. Néanmoins, le réseau du Nord doit encore être valorisé, en renforçant les liens avec les directions hospitalières, en mobilisant les équipes et en professionalisant leurs actions, en analysant la performance.
Les priorités d’ESTHER sont les suivantes : améliorer la qualité de la prise en charge (en diminuant le nombre de perdus de vue), mesurer la performance, renforcer la place de la recherche opérationnelle en renforçant les partenariats avec l’ANRS, réaliser des projets cibles (tuberculose, interventions dans les prisons, etc.) et valoriser les compétences en promouvant l’action en réseaux dans le Sud et en y soutenant des pôles d’expertise.
Célia Barberousse (du GIP ESTHER), a ensuite évoqué la qualité et l’efficience. Elle a tout d’abord rappelé l’importance à « rendre des comptes », ce qui implique de disposer d’indicateurs. Or ceux-ci sont nombreux et différents d’un projet à l’autre, ils sont également peu rapportés et à des moments différents, et enfin sont peu analysés. Elle a présenté une liste d’indicateurs systématiques et thématiques, qui a été intégrée au cadre logique des projets depuis le début de l’année 2010. Un outil de collecte a été défini et est adapté avec le logiciel de suivi ESOPE déjà utilisé. 3 niveaux d’information ont été retenus : les indicateurs renseignés, l’analyse de ces informations et enfin l’analyse des cohortes. Mais la bonne utilisation de ces indicateurs suppose aussi un suivi et une évaluation du projet. La troisième partie de la session plénière était consacrée à la présentation de projets ESTHER spécifiques, qui sont réalisés dans une prison, qui visent à une décentralisation des actions ou à une prise en charge des mères porteuses du VIH et de leurs enfants.
Trois ateliers thématiques ont été organisés l’après-midi. Le premier était dédié à la mobilisation des équipes hospitalières. Le CHU d’Amiens a présenté son bureau dédié à la coopération internationale, qui est composé de 3 personnes à temps plein, ce qui est aujourd’hui exceptionnel dans un hôpital. Ce bureau mobilise les équipes, recherche des financements et assure le suivi des projets. La conception des projets relève de la responsabilité de l’équipe médicale, le bureau en réalisant le plan de financement et contractualisant ensuite. Les missions sont planifiées ensemble, le bureau en assure la logistique et est destinataire du compte-rendu de l’équipe qui s’est rendue sur place. Toutes les instances de l’établissement sont informées du projet et une communication interne est assurée. L’hôpital Tenon a ensuite fait part de son initiative, la « Journée Mission Sans frontières ». Cette manifestation (exposition, table-ronde et ateliers) a permis de valoriser et formaliser l’expérience de la coopération, mais a aussi rappelé que l’humanitaire est au cœur de l’activité hospitalière.
Le centre hospitalier de Chambéry a présenté son partenariat avec l’hôpital de Ouagadougou, qui est né au début des années 2000 d’un jumelage de municipalités. D’après Didier Raffenot, les atouts d’une coopération hospitalière et décentralisée sont les suivants : un appui organisationnel et logistique par la ville, la cohérence entre les actions sanitaires de la ville et celles de l’hôpital. Un comité de jumelage a été créé. La coopération bénéficie de financements du Fonds des partenariats hospitaliers (MAEE/AFD) et d’ESTHER.
Anne Beugny du GIP ESTHER est intervenue sur le renforcement des compétences du personnel paramédical, un projet réalisé au Niger et en Côte d’Ivoire grâce à un financement de l’AFD de 1.3 million €. Les partenariats hospitaliers y participent en assurant une formation continue. La dernière intervention était celle de Céline Arnold, également du GIP ESTHER, qui a présenté le projet ESTHERAID, qui devrait être financé dès l’automne à hauteur de 11.9 millions € pour 2010-2013 et concernera 5 pays d’Afrique francophone. Ses objectifs sont de favoriser et sécuriser la disponibilité des anti rétro-viraux et d’en améliorer leur administration aux patients.
Pour télécharger les interventions : http://www.esther.fr/articles.php?id=1252