La mobilité de la main d’œuvre représente une tendance lourde partout en Europe. Mais les données sont encore rares et les estimations souvent confuses. Le projet européen PROMeTHEUS essaye de dresser un panorama de la situation. Il conclut qu’en fait, les élargissements européens de 2004 et 2007 n’ont pas généré les flux attendus. Autour de 3 % seulement des professionnels de santé de l’Europe des 12 ont demandé des certificats de conformité pour quitter leur pays mais c’est un plus faible pourcentage d’entre eux qui a réellement émigré. Néanmoins, beaucoup de pays de l’Europe des 15 font vraiment confiance aux professionnels étrangers. Ils représentent plus de 10 % des médecins en Belgique, Espagne, Portugal, Autriche, Norvège, Suède, Suisse, Slovénie, Irlande et Royaume-Uni et plus de 10 % des infirmières en Italie, au Royaume-Uni, en Autriche et en Irlande.
La principale cause d’émigration est la différence de salaire : les travailleurs d’Estonie et de Roumanie peuvent gagner jusqu’à 10 fois plus que chez eux en travaillant dans des pays comme la France ou la Finlande. Pour faire face à ce défi et retenir les professionnels, la Pologne, la Slovénie et la Lituanie ont amélioré leurs rémunérations, réduisant ainsi les sorties du territoire et motivant les retours. Inversement, les données d’Estonie, de Hongrie et de Roumanie suggèrent une nouvelle augmentation des flux, liée probablement à la crise économique. L’impact des migrations n’est, en général, pas visible au niveau national mais influence beaucoup le fonctionnement du système. Les professionnels de santé étrangers remplissent souvent les trous dans la disponibilité de la main d’œuvre sanitaire dans les régions isolées ou socio-économiquement désavantagées. Ils augmentent la capacité de service du système. D’un autre côté, dans les pays qui font face à des pertes de main d’œuvre, les impacts ne sont pas toujours liés à la taille des flux mais à des spécialités qui sont, dans chacun des pays, très vulnérables.
Répondre aux besoins en recrutant dans les pays du tiers monde est une méthode de plus en plus encadrée par des contraintes éthiques. L’ Organisation mondiale de la santé a adopté en 2010 un code de pratique pour le recrutement international des personnels de santé, code qui décourage le recrutement depuis des pays qui font face à une pénurie de main d’œuvre. La mobilité des professionnels de santé devrait être envisagée en premier lieu au sein des pays, en mettant l’accent sur les stratégies générales concernant la main d’œuvre, incluant une éducation de bonne qualité et des mesures pour la rétention, l’amélioration des conditions de travail, le mélange des compétences, les opportunités de formation et la réduction des différences de salaires. Disponible en anglais à l’adresse suivante : http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0006/145158/euroobserver-summer-2011_web.pdf