Les douze projets examinés dans le cadre du rapport ont inclus un peu moins de 700 patients pendant les 6 premiers mois de 2021. Ceci ne représente toutefois que le « sommet de l’iceberg » du télémonitoring du COVID-19 en Belgique. Les patients posent un regard globalement positif sur cette expérience. Ceci ressort des interviews menées auprès des patients belges pour les besoins de cette étude, mais aussi de la littérature internationale. Ils se sont sentis rassurés par le dispositif mis en place et ont beaucoup apprécié le contact humain, en plus des aspects technologiques. L’utilisation des appareils de télémétrie n’a guère posé de problèmes, à part quelques difficultés techniques rapidement résolues. Tant les membres des équipes de télémonitoring que les soignants de première ligne interrogés (médecins généralistes, infirmiers à domicile) sont d’avis que le télémonitoring est une intervention utile et qu’elle pourrait constituer à terme une solution à la surcharge des hôpitaux. Ils soulèvent cependant plusieurs points problématiques, comme le manque d’intégration entre les lignes de soins. Ceci inclut notamment la question de l’accès aux données (certains intervenants ont dû travailler sans possibilité d’accès aux dossiers des patients) et la question du partage des responsabilités (p. ex. qui doit faire quoi lorsqu’un seuil d’alerte est dépassé ?), ou encore le besoin de nouvelles formes de collaborations et de communication entre les différents acteurs.
Tant dans les projets belges que dans ceux décrits dans la littérature scientifique, les chercheurs du KCE ont constaté beaucoup de diversité en ce qui concerne les critères d’inclusion des patients, les paramètres monitorés, la fréquence des mesures, etc. Idem pour la composition des équipes et leurs modalités d’interactions avec les soignants de première ligne.
En raison de cette hétérogénéité entre projets, il n’a pas été possible de tirer des conclusions générales sur la qualité, l’efficacité et le rapport coût-efficacité des soins dispensés. Il n’a pas non plus été possible de déterminer si les objectifs de diminution du nombre de visites aux urgences ou d’hospitalisations, des durées de séjour à l’hôpital et/ou de la pression sur les prestataires de soins de première ligne ont été atteints. Mais il est vrai que ces projets, mis en place dans l’urgence, n’avaient pas été conçus pour collecter des données scientifiques, mais bien pour parer au plus pressé dans des circonstances particulièrement stressantes.
Les chercheurs du KCE concluent néanmoins que le concept est viable et qu’il mérite de faire l’objet de réflexions plus approfondies. Le KCE recommande que la convention INAMI soit maintenue tant que les hôpitaux seront sous pression à cause du COVID-19, et dans l'attente de preuves scientifiques supplémentaires sur l'efficacité et le rapport coût-efficacité des traitements dispensés.
Le rapport : Télémonitoring des patients COVID-19 | KCE (fgov.be)