La radiologie interventionnelle reste l'une des priorités de l'ASN en 2013

Date de publication : 19 Avril 2013
Date de modification : 19 Avril 2013

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rendu public son rapport d'activité 2012, qui consacre une large part à la radioprotection en milieu médical. Le bilan est mitigé. En radiothérapie, l'ASN est "globalement satisfaite des progrès des centres" mais attire leur attention sur la diffusion des nouvelles techniques, telles que l'arcthérapie volumétrique modulée ou la tomothérapie hélicoïdale.

Pour les services de médecine nucléaire, elle annonce qu'elle compte mettre en place en 2013 un groupe de travail devant émettre des recommandations sur les conditions de rejets d'effluents contaminés par des radionucléides dans les réseaux d'assainissement collectif. En revanche, l'ASN est beaucoup plus inquiète en ce qui concerne l'état de la radioprotection des patients en radiologie conventionnelle et en scanographie. Elle estime "que des mesures urgentes doivent être prises pour améliorer la radioprotection des patients et des travailleurs en radiologie interventionnelle". 

Mesures en radioprotection

Ces mesures portent sur les effectifs en radiophysiciens, la formation des utilisateurs, l'assurance qualité, la mise en place d'audits des pratiques professionnelles, l'augmentation de Personnes compétentes en radioprotection (PCR). L'ASN a également demandé à la Haute autorité de santé (HAS) de publier au plus vite des recommandations sur le suivi des patients ayant bénéficié d'un acte de radiologie interventionnelle susceptible d'entraîner des effets tissulaires. Elle a également invité les sociétés savantes et les organisations professionnelles de radiologues à intensifier leurs efforts en matière de formation et de rédaction de guides de bonnes pratiques. Elle plaide également pour que des mesures réglementaires soient prises, afin d'imposer des dispositifs de mesure des doses de rayonnements délivrées sur les appareils qui en sont dépourvus. En 2012, l'ASN a émis 639 autorisations de mise en service, de renouvellement ou d'annulation, dont 322 en scannographie, 177 en médecine nucléaire, 111 en radiothérapie externe, 23 en curiethérapie et 6 pour les irradiateurs de produits sanguins. Elle note que huit dépassements de la limite annuelle de dose efficace de 20 millisieverts (mSv) et trois dépassements de la limite annuelle de dose aux extrémités (500 mSv) ont été recensés. 

536 événements significatifs de radioprotection

Le nombre d'Événements significatifs de radioprotection (ESR) s'est élevé à 536 en 2012, en progression de 14% par rapport à 2011 : 50% de ces ESR concernent les services de radiothérapie/curiethérapie, 24% la médecine nucléaire, 15% la scanographie, 6% la radiologie conventionnelle, 4% la radiologie interventionnelle et 1% les autres activités. En outre, 70 ESR ont touché les travailleurs. Ces événements sont liés principalement à la contamination externe au fluor 18 et au technétium 99m ou à la contamination interne à l'iode 131 ou 125, à l'exposition du personnel pendant un examen d'imagerie, à l'exposition des extrémités de l'opérateur, à l'exposition externe de travailleurs en radiothérapie. 345 ESR ont concerné les patients. À l'origine de ces incidents, une erreur d'identité du patient ou lors de l'examen, telle qu'une erreur de localisation ou d'administration du radiopharmaceutique par défaut d'étiquetage. 142 de ces ESR ont été classés au niveau 1 et 3 en niveau 2. Par ailleurs, plusieurs événements relatifs à des fuites d'effluents radioactifs en provenance de service de médecine nucléaire ont été déclarés en 2012. Les ESR les plus graves sont constatés en radiologie interventionnelle et en radiothérapie pour les travailleurs, et en radiologie interventionnelle pour les patients. 

Divisions régionales

Dans les régions, la division de Caen de l'ASN a constaté que "plusieurs centres de radiothérapie normands connaissent un manque d'effectifs, touchant notamment la radiophysique médicale". Celle de Châlons-en-Champagne, que la radioprotection des malades est une réelle préoccupation pour de nombreux centres. La division de Dijon constate également de nombreuses lacunes. Les amplificateurs de brillance au bloc opératoire de dix établissements sont mal utilisés par manque de formation et l'implication en radioprotection des médecins aux blocs opératoires reste faible. Dans sept services de médecine nucléaire inspectés, la formation des nouveaux arrivants, une obligation réglementaire, n'est que rarement respectée. Sept ESR ont été signalés en médecine nucléaire, sans conséquence pour les patients.La division de Marseille a par ailleurs dû interrompre l'activité d'une société d'imagerie à Pézenas (Hérault) en raison d'un défaut d'autorisation pour un scanner. En radiologie interventionnelle, cette division déplore un manque de personnels en radiophysique et la vétusté de certains équipements utilisés. En médecine, deux incidents en 2012, concernant des patients, ont été déclarés à Nice et Nîmes, classés au niveau 2. La section Paris a recensé 24 ESR par les services de médecine nucléaire. Deux accidents ayant trait à des cas de radionécrose ou de brûlure radiologique grave de patients en cardiologie interventionnelle ont été déclarés l'an dernier. 

Jean-Bernard Gervais

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Article paru sur www.hospimedia.fr  le 17 avril 2013
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