L’informatisation des prescriptions médicamenteuses dans les hôpitaux se développe depuis plusieurs années en France. Cette méthode engendre une réduction des erreurs médicamenteuses… mais est à l’origine d’un certain nombre d’erreurs nouvelles dues à l’utilisation des logiciels d’aide à la prescription (LAP). Des erreurs qui peuvent être néfastes pour le patient.
Bruno Charpiat, pharmacien hospitalier à l’hôpital de la Croix-Rousse (Hospices civils de Lyon), a mené, pendant quatre ans, une étude sur la nature et la fréquence de ces erreurs médicamenteuses nouvelles. Il a analysé des milliers de prescriptions perçues comme complexes à interpréter ou « susceptibles de conduire à un usage non conforme des médicaments, comme un surdosage ou un sous-dosage ». Chaque ordonnance ambiguë l’amenait à intervenir auprès du médecin concerné et à alimenter son étude.
Les conclusions de ses travaux ? Ils font apparaître que les erreurs sont en grande partie causées par une mauvaise ergonomie des logiciels et par le manque de communication entre les différents professionnels de santé concernés. Des bugs informatiques, des erreurs sur les doses indiquées ou des oublis de prescription de médicaments ont notamment été répertoriés. L’étude préconise donc, dans un premier temps, une réflexion en amont sur la conception des logiciels afin d’améliorer leurs conditions d’utilisation et de diminuer les risques d’erreurs de prescription. Elle souligne aussi l’importance d’un temps de formation au maniement des LAP, et d’une « période d’essai » de quelques mois avant l’achat, afin de les tester en conditions réelles, de s’assurer de leur fiabilité et de leur confort d’utilisation pour les médecins.